Vie

Îles de la Madeleine : Plonger avec les phoques

Près de 600 phoques gris et phoques communs résident en effet en permanence dans le Golfe du Saint-Laurent, aux abords de l’archipel des Îles-de-la-Madeleine.

De la longue plage de Sandy Hook, à Havre-Aubert, on avait bien vu au loin quelques têtes luisantes sortir de l’eau à l’improviste. À l’Aquarium des Îles-de-la-Madeleine, ils étaient deux jolis curieux à jouer de la nageoire pour se faire presque caresser le dos par les visiteurs, petits ou grands, avant de continuer à tourner en rond dans leur petite piscine. De quoi exciter l’envie d’aller voir de plus près leurs congénères en habitat naturel.

Le dépliant promettait une plongée avec les phoques autour du rocher du Corps-Mort, à quelque 16 kilomètres à l’ouest de l’île du Havre-Aubert. Au total, quatre heures d’excursion, équipement et transport compris. L’aventure commence au centre nautique, avec le choix d’une combinaison (wetsuit), de souliers, d’une cagoule et de gants isothermiques adaptés à la taille de chacun. Viennent ensuite le masque, le tuba et les palmes pour compléter l’équipement adéquat. Ainsi presque transformés en phoques insulaires, les membres du groupe se dirigent vers le port de Bassin où les attend un gros bateau pneumatique. Le voyage vers le Corps-Mort, à peine visible de terre, commence dès que l’on dépasse le phare pour mettre le cap au nord-ouest. La chevauchée fantastique à dos de vagues dure près de trois-quarts d’heure. En chemin, Guy Leblanc, notre capitaine-guide, stoppera une fois les gros moteurs, le temps d’admirer trois rorquals qui s’amusent autour de l’embarcation. Le rocher du Corps-Mort est en vue et l’on comprend d’un coup cette curieuse appellation: la forme d’un corps allongé, une extrémité en roche volcanique formant la tête et le reste du corps verdâtre, sans aucune trace de végétation. Le roc vibre pourtant de vie. Une colonie de cormorans noirs a élu domicile sur la crête du rocher, tandis que virevoltent aux alentours quelques fous de Bassan et des guillemots.

Mais l’heure est plutôt à la découverte du monde marin. On ferme les écoutilles (la fermeture éclair du wetsuit), on enfile la cagoule, les gants et les palmes. On installe masque et tuba avant de se laisser, comme on peut, tomber à l’eau entre le bateau et le Corps-Mort. Engoncés dans son équipement, on devient tout à coup légers comme une plume…

Guy a prévenu que les phoques se tenaient plutôt de l’autre côté du rocher et que pour les approcher, mieux valait faire des mouvements lents et se tenir seul, à deux ou à trois plutôt qu’en rang serré. Certains se lancent plus vite que d’autres dans la recherche de phoques. Les moins habitués à la nage avec palmes et tuba en mer apprivoisent tranquillement la chose. Les phoques se font un peu désirer, démontrant à tout un chacun qu’en milieu sauvage, marin ou autre, les rencontres ne sont pas programmées d’avance! En attendant que les phoques se manifestent, autant profiter de ce qui est "disponible"! Plonger en apnée ou simplement nager en surface, tête et masque dans l’eau, ouvre sur un incroyable monde sous-marin… Un univers insolite dans lequel de longues algues vertes ondulent en cadence au gré des vagues, tandis que d’autres, vues de haut, ressemblent à d’opulentes chevelures blondes battues par le vent. À quelques centimètres passe, indifférent, un large banc de capelans argentés. En contrebas, de petits crabes rougeauds crapahutent sur les roches de fond.

On sort parfois la tête de l’eau, comme pour redonner sens à la réalité, et le contraste est saisissant. On a perdu, souvent, le sens de l’orientation. Dans le clapotis des vagues de surface, une tête moustachue émerge tout à coup à une dizaine de mètres de distance. Le phoque curieux observe de loin un drôle d’animal masqué. Il plonge et nous faisons comme lui, scrutant l’horizon sous-marin. Une ombre passe et repasse. C’est lui! Le coeur battant, on tente alors de rester calme, en évitant les mouvements brusques et en jouant doucement de la palme. Retour à la surface. Le pinnipède a la tête tournée vers vous, à quelques mètres seulement. Nouveau plongeon, nouvelle ombre sous-marine, nouveau retour à la surface. Le jeu durera plus ou moins longtemps. Le phoque vous jauge. S’il prend peur, il s’éloignera. Si sa curiosité prend le dessus, peut-être aurez-vous la chance de le voir passer à portée de main, plongeant sous vous, se tournant sur le côté en vous dépassant, pour ressortir la tête haute à quelques coups de nageoire de vous. Un ballet aquatique du plus bel effet! Et s’il s’éloigne, c’est peut-être tout simplement pour aller se dorer au soleil sur une roche, sans plus se soucier de vous, sachant que vous n’êtes, après tout, que de passage sur son territoire.

Activité "Plongée légère avec les phoques " : Centre nautique de L’Istorelet, Hâvre-Aubert, tel. : 418 937 5266 ou 1888 937 8166 www.istorlet.qc.ca

Plongée sous-marine ou en apnée : le repère du plongeur, étang du nord, tel : 418 986 3962, www.tourismeilesdelamadeleine.com/plongee.