Vie

S’orienter en forêt : Pour ne pas perdre le Nord

L’un s’est vaguement égaré sur un sentier qu’il connaissait " par coeur " près de son chalet. L’autre s’est carrément perdu pendant trois mois dans une forêt tropicale. Les skieurs de fond, les randonneurs, les cyclistes ont tous des histoires de désorientation à conter…

Difficile, parfois, de rester dans le droit chemin! L’aide minimale se nomme carte et boussole. Les deux se vendent comme des petits pains, mais beaucoup d’acheteurs connaissent mal les rudiments de leur utilisation. Quand l’hiver se pointe, pourquoi ne pas en profiter pour prendre un petit cours ? Parmi la panoplie disponible (fartage, escalade, secourisme…), l’initiation à l’orientation est sans doute l’un des plus utiles !

Pierre Laliberté a vu de tout comme instructeur… même des gens qui voulaient s’orienter en sortant du métro comme des alpinistes en partance pour le K2 ! Durant trois heures un soir de semaine, nous entrerons de pleins pieds avec lui dans la " matière ", le B-A-BA de la carte et de la boussole. Les dix élèves studieux écoutent le " maître " décortiquer la mine d’informations inscrites sur une carte topographique : échelle, légende, quadrillage, courbes de niveau pour l’altitude, données de latitude et de longitude… Une révision de géographie Secondaire 1 est au programme ! Pierre en profite pour nous rappeler la différence entre un marais (en milieu ouvert) et un marécage (en forêt). Après un exercice plus ou moins réussi pour assortir dix coupes de montagne et dix dessins de courbes de niveau, il est temps d’ausculter la boussole, cette petite bête à cadran mobile de 360 degrés et à flèche rouge aimantée qui se balade au gré du Nord magnétique.

Il existe deux sortes de boussole, avec ou sans miroir. " À quoi sert le miroir?", demande Pierre , " À se peigner le matin en refuge… ou à mettre ses verres de contact ", lâche une petite maline en plaisantant ! En fait, sur le terrain, le miroir permet de mieux viser un objet physique (un arbre, une maison) et de déterminer avec précision – par réflexion sur le plateau de la boussole – l’azimut ou le cap à suivre, exprimé en degrés. Dans la salle de cours, on s’amusera à simuler l’opération. On vise une maison dessinée au tableau. On tourne le cadran de la boussole pour que l’aiguille se superpose à la flèche d’orientation. On relève le degré correspondant au cap… puis on se perd dans la pièce avant de reprendre la boussole. Il suffit alors de tourner son cadran en mettant le bon degré en face de la flèche de visée, puis de pivoter soi-même jusqu’à ce que l’aiguille du Nord veuille bien se placer sur la flèche d’orientation de la boussole, " rouge sur rouge ". On vise alors pour retrouver la direction à suivre.

Le B-A-BA, vous dis-je… Mais après explications et exercices pour calculer la déclinaison magnétique, orienter la carte en fonction du Nord, faire des relevés sur carte pour déterminer une direction à prendre avec la boussole ou transposer des visées de terrain sur la carte, le temps est écoulé. On a beaucoup appris, certes, mais l’on soupçonne que l’intégration prendra du temps…

Scène deux : la gang est à l’heure, par un beau dimanche de novembre, à l’entrée de l’Arboretum Morgan. Armé chacun d’une boussole, le cordon quasi ombilical vers soi, nous arpenterons la forêt (hors-sentier) durant trois heures et demie d’exercice, qui ne seront pas de trop ! Car l’aventure se corse sur le terrain. Les arbres se ressemblent tous… il faut contourner de nombreux obstacles " marécages " et, surtout, les notions élémentaires ont du mal à faire leur chemin dans certains cerveaux. Avant même le départ, les exercices devront être répétés… orientation de la carte, relevés sur carte avant le départ, suivi d’un azimut, relevé sur le terrain et transposé sur la carte… La triangulation, qui permet de trouver sa position sur une carte à partir de deux repères, donnera du fil à retordre à plusieurs !

Puis les fauves sont lâchés. Mission : atteindre un minuscule étang repéré sur la carte, à plus de 500 mètres de distance, en pleine forêt. À quelques mètres près, tout le monde réussit néanmoins l’exercice. Puis, on pointera une croisée de chemins sur la carte avant de repartir, boussole en avant, pour la rejoindre à travers bois. On n’a presque plus peur de se perdre, en fin de parcours, avec boussole et carte apprivoisées. C’est le moment que Pierre choisit pour nous faire abandonner les deux et rentrer ainsi au bercail ! Un dernier regard sur la carte nous apprend que la ligne à suivre correspond au sommet d’une série de courbes de niveau serrées. Nous sommes quasiment sur une crête qu’il suffit de suivre vers l’ouest. Et ça marche !

Infos : La Cordée, tél. (514) 524-1106, www.lacordee.com/activites