Vie

Nord-du-Québec : Grands Cris

Le village cri d’Oujé-Bougoumou, situé dans la région Nord-du-Québec/Baie-James, représente l’heureux dénouement d’une histoire pas si heureuse. C’est également l’occasion unique de visiter un endroit où la modernité côtoie la tradition "eenoue".

L’HEURE QUI CONVIENT

L’histoire des Cris d’Oujé-Bougoumou est bien triste. Expatriés à répétition, ils ont dû se battre férocement afin de faire respecter leurs droits et d’habiter dignement leurs terres. Il y a un peu plus d’une décennie, les différentes parties finissent par s’entendre et engagent l’architecte autochtone Douglas Cardinal (concepteur du Musée de la Civilisation de Hull) afin de créer un village moderne qui respecte les traditions amérindiennes et leur souci de l’écologie. C’est aux abords du lac Opémiska, à 45 minutes de Chibougamau, que repose ce village. Ne vous attendez pas à y voir beaucoup de paillettes. Dans un souci d’authenticité, cette communauté d’environ 600 âmes mise sur un tourisme culturel à petite échelle et empreint d’intimité. C’est donc en toute simplicité que vous serez accueilli, que vous circulerez à pied ou en traîneau à chiens, que vous irez vérifier les collets et pièges des chasseurs locaux. En plus de profiter de l’enseignement des guides Anna et David Bosum, vous aurez l’occasion de rencontrer les aînés, détenteurs du savoir de la médecine traditionnelle et des autres aspects de la culture crie tels les contes, les chants, les danses et l’artisanat. Vous pourrez alors ranger votre montre puisque là-bas, les gens fonctionnent selon l’heure crie, c’est-à-dire "l’heure qui convient". Il en résulte un tourisme composé de rencontres humaines et d’ambiance plutôt que de poudre aux yeux. La simple visite du village n’est pas la moindre de ces activités puisqu’il est récipiendaire de cinq prix d’excellence, dont l’un de l’Organisation des Nations Unies, pour son respect à la fois de l’humain et de son environnement immédiat. Dans cette optique, le village s’est doté d’un système de chauffage central au biocarburant et est construit selon une architecture moderne mais respectueuse des traditions cries. Les Premières Nations ont appris à nos ancêtres comment survivre en Nouvelle-France. Peut-être auront-ils à nous apprendre comment survivre dans ce monde moderne, miné par l’industrialisation et l’appât du gain.

Village d’Oujé-Bougoumou www.ouje.ca Tél.: 1 888 745-3905

HOSPITALITÉ

Évidemment, le village s’est doté d’une auberge prête à accueillir les visiteurs. Devant la popularité de l’endroit, l’Auberge Capissisit, sise tout près du lac Opémiska, planifie d’ailleurs, dans un futur rapproché, des travaux d’agrandissement qui doubleront sa capacité d’accueil (de 12 à 24 chambres) et s’équipera du même coup de 3 salles de conférence dotées des dernières technologies afin de combler les besoins croissants de sa clientèle d’affaires. Il est également possible d’y réserver deux suites tout confort et à prix concurrentiel. L’endroit abrite aussi un restaurant où la tradition crie se retrouve occasionnellement pour les 46 convives. Au menu, une cuisine variée et apte à séduire tous les palais (qui sont en majorité amérindiens) mais également l’occasion de découvrir, certains jours, la cuisine crie tels l’oie, le castor, la truite, l’orignal (selon la chasse), des desserts à la mode amérindienne et le fameux bannock. La séduction passe également par l’estomac.

Auberge Capissisit www.ouje.ca/hotel/ Tél.: 1 418 745-3944

ACTIVITÉS

Si vous pouvez planifier votre séjour au début juin, vous profiterez du Festival de l’oie avec ses concours d’appel du volatile et de sciage de bois. Vous pourrez également en apprendre davantage sur la cérémonie du thé et la fabrication du bannock en plus d’assister à la soirée des jeunes talents. En d’autres temps, n’ayez crainte, ce ne sont pas les activités qui manqueront. Situé aux abords du lac, le village offre moult activités nautiques (nage, canot, plage, pêche) et, en fonction des saisons, de la chasse, du trappage, des randonnées et autres activités de sensibilisation au mode de vie résolument écologique de ces défenseurs du territoire. Une balade guidée dans cette atmosphère pure au parfum d’épinette, de bleuet et de thé du Labrador sera pour vous l’occasion d’apprendre de la bouche des premiers concernés l’impact réel de l’exploitation forestière et minière de ce coin de pays. Un panorama qui vous incitera à apprendre le véritable sens du mot "meegwetch"!

Tourisme Baie-James www.tourismebaiejames.com Tél.: 1 888 748-8140

Air Creebec Tél.: 1 800 567-6567

Association crie de pourvoirie et de tourisme www.creetourism.ca Tél.: 1 888 745-3905

L’auteur tient à remercier Chlorophylle pour sa contribution à ce reportage. www.chlorophylle.net