Premières nord-américaines, premières mondiales, des dizaines d’oeuvres (parmi lesquelles une grande proportion de films québécois) provenant d’une vingtaine de pays… Sommes-nous à Cannes? À Toronto? À Berlin? Nenni! Bienvenue à Rouyn-Noranda!
"On avait simplement envie de mettre en valeur le cinéma dans notre région", explique humblement Jacques Matte à propos de son Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, créé en 1982 avec deux autres cinéphiles: Louis Dallaire et Guy Parent. "Au début, on faisait ça à la petite semaine. Mais au fil des ans, on a développé une manière de faire."
Cette manière de faire, c’est bien sûr une programmation cinématographique de qualité (qui laisse une grande place aux courts métrages et aux moyens métrages, projetés en début de séance), mais également une véritable fête. Pendant une semaine, Rouyn-Noranda prend des allures de carnaval. "Nos salles sont toujours pleines, même en après-midi. Pour Rouyn-Noranda, c’est une sorte d’euphorie juste avant l’hiver", affirme Jacques Matte.
Au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, pas de tapis rouge ad nauseam ou de flafla excessif: on mélange réalisateurs, festivaliers et journalistes sans distinction ou privilège. Parmi ces festivaliers, plusieurs sont de jeunes retraités, des professeurs qui reviennent année après année. "Il y a des gens qui prennent leurs vacances pour venir assister au festival!"
L’ERREUR AUTOCHTONE
Rouyn-Noranda, 40 000 âmes, est située aux confins du territoire historique algonquin, à 640 km au nord de Montréal. C’est aussi la ville d’où sont originaires Richard Desjardins et Robert Monderie, ce duo-choc de cinéastes qui nous a donné une patate chaude impossible à oublier, appelée L’Erreur boréale, en 1999. Après l’industrie forestière, les deux hommes s’attaquent aux préjugés à l’endroit des autochtones et profitent du festival pour lancer leur dernier opus: Le peuple invisible.
"Ce sont deux gars de la région, donc c’est un beau cadeau et une grande marque d’appartenance de les avoir avec nous", se réjouit Jacques Matte, pour qui la culture régionale est d’une importance capitale. "Le peuple invisible est un film sur la méconnaissance d’un peuple, sur l’histoire et sur le territoire, précise-t-il. Peu importe où on habite au Québec, les autochtones sont nos voisins." Selon lui, le film de Desjardins-Monderie va créer des discussions et faire réfléchir beaucoup de gens. "La grande force des réalisateurs, c’est leur capacité à vulgariser et à schématiser cinématographiquement."
Cette année, outre le Grand prix Hydro-Québec, décerné (par vote populaire) à l’un des 16 longs métrages en compétition, 19 films d’animation se disputeront le prix du public. Un jury composé de 3 cinéphiles de la région devra, pour sa part, choisir entre 30 films en compétition dans la catégorie court et moyen métrage. Enfin, le prix Communications et Société récompensera le long métrage qui se distinguera par ses qualités artistiques, son apport au progrès humain et ses valeurs éthiques, sociales et spirituelles.
"On a accueilli de grands cinéastes au fil des ans: Falardeau, Perrault, Fortier… Aujourd’hui, avec les jeunes réalisateurs, on en arrive à notre troisième génération de cinéastes!"
SE NOURRIR ET SE LOGER
Rouyn-Noranda compte un bon nombre d’hébergements de type hôtel/motel dont la décoration générique ne redéfinira pas l’esthétisme contemporain. Pour une expérience moins anonyme, le gîte Le Passant offrira une ambiance moins aseptisée en plus d’une vue sur le lac Osisko. Les petits-déjeuners de l’établissement sont délicieux: omelette aux fines herbes du jardin et pain doré aux bananes à la mode des Caraïbes.
CARNET D’ADRESSES /
Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue
Du 27 octobre au 1er novembre 2007
215, avenue Mercier
Rouyn-Noranda
Tél.: 819 762-6212
www.festivalcinema.ca
Auberge Le Passant B&B
489, rue Perreault Est
Rouyn-Noranda
Tél.: 819 762-9827 ou 819 762-3820
www.lepassant.com