Vie

Charlevoix : Liberté suspendue

Dans l’arrière-pays de Charlevoix, le parc d’aventures en montagne Les Palissades offre deux parcours de via ferrata à même le granit du bouclier canadien. Récit d’une expérience enlevante!

Vous avez peur du vide, vous êtes modérément sportif mais vous adorez prendre de la hauteur pour admirer le paysage? Suivez-moi sur la piste du Lynx… L’histoire débute au centre d’accueil des Palissades. En fond d’écran, une imposante paroi de granit, sur quatre kilomètres de large et 400 mètres de haut. Bien connue des adeptes de l’escalade pour son dédale de "voies", elle compte aussi deux via ferratas.

Debout, les deux pieds sur la terre ferme, habillée d’un pantalon léger et d’une chemise à manches longues, j’enfile mon harnais d’escalade, bien serré sur les cuisses, comme le casque sous le menton. Départ sur un joli sentier, dans une forêt odorante, pour quelques minutes de marche. À chaque pas, le bruit de mes deux gros mousquetons fait concurrence aux oiseaux. Direction: le bord de la paroi où débute la via ferrata du Lynx, un parcours tracé à même le roc, avec un câble de sécurité en acier. Là où les prises naturelles font défaut, des échelons de fer aident à grimper.

En avant pour l’escalade "douce" qui nous mènera, au bout de 600 mètres de câble, 200 mètres plus haut! C’est là que débute l’apprentissage de la manoeuvre principale: ouvrir un mousqueton pendant au bout d’une longe "d’absorption de chocs", elle-même fixée au harnais, puis le refermer sur le câble et répéter l’opération avec le second mousqueton. On progresse ensuite avec mains et pieds jusqu’à l’ancrage suivant. Histoire d’apprivoiser un brin le vertige et de prendre de l’assurance, je retire mes mains de la paroi… Tant qu’à faire, profitons donc du paysage qui est grandiose: à l’horizon, des montagnes à perte de vue et la promesse d’un fleuve, à 12 kilomètres à vol d’oiseau; en contrebas, une rivière sinueuse suit son cours tranquille; à gauche, un grand lac paisible; sous nos pieds, le vide. Je préfère encore regarder le ciel bleu azur et la canopée de la forêt laurentienne.

Une fois une drôle d’arête rocheuse franchie, on atteint le sommet. Il faut décider de la suite: descendre par le sentier de l’Aigle, en 40 minutes dans le bois, ou expérimenter la descente en rappel, technique typique d’escalade, rapide, avec adrénaline garantie. J’ai bien vu d’en bas le parcours (une descente à la verticale, sur 70 mètres de haut) et au premier abord, il n’en était pas question! "C’est l’occasion ou jamais", susurre cependant la petite voix intérieure de la curieuse que je suis. Me voilà donc dos au vide (sans le regarder), suspendue à une corde que je vais devoir moi-même faire glisser pour descendre en biais le long de la paroi. Le pire moment est celui du départ, quand il faut reculer dans le vide, "s’asseoir" dans son harnais au-dessus du néant et laisser aller ses jambes sur la paroi verticale. "Maman, au secours!"

Il est trop tard pour reculer. L’orgueil aidant, j’apprivoise lentement la technique de glissade de corde qui m’aide à descendre, les pieds naviguant sur la roche pour accompagner le mouvement. Je parviens même à regarder le paysage! C’est déjà fini qu’on prendrait bien, finalement, encore un peu d’adrénaline… Pourquoi ne pas se laisser glisser sur la tyrolienne du lac (250 mètres au-dessus du lac) pour un dernier tour de piste aérien?

Les Palissades
1000, route 170 à Saint-Siméon
Tél.: 418 647-4422 ou 1 800 762-4967; info: www.lascensation.com

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Auberge La Pinsonnière
124, rue Saint-Raphaël, La Malbaie (Cap-à-l’Aigle), tél.: 418 665-4431, info: www.lapinsonniere.com
Soir: 160 $

Voici l’une des meilleures tables du Québec, à n’en pas douter, et l’une des plus conviviales. Comme quoi on peut offrir un service hors pair qui ne soit pas pour autant guindé! Sise à Cap-à-l’Aigle, face au fleuve, l’auberge de charme et de luxe (qui fête ses 30 ans en 2008) dispose d’une superbe salle à manger, avec larges baies vitrées côté Saint-Laurent et coin cosy côté cheminée. La cuisine est de tradition, avec des produits du terroir bien mis en valeur (agneau, veau, gibier, poissons fumés sur place, champignons sauvages, petits légumes, fromages…). De l’entrée au dessert, en trois menus (retour du marché, tentation ou découverte), le raffinement est de mise. La cave? Si elle se vide, c’est pour mieux se remplir: 12 000 bouteilles sous quelque 750 étiquettes de grande tenue.