Vie

Bas-Saint-Laurent : Suite gourmande pour chef-pianiste

Dans le Bas-Saint-Laurent, les chemins de traverse qui font quitter le bord du fleuve sont souvent source de délicieuses découvertes: rencontre magique à Cabano avec le chef Hugues Massey de l’Auberge du Chemin faisant.

S’il était un musicien professionnel, il serait un virtuose de la baguette, sauf qu’il est déjà pianiste amateur accompli… S’il était un peintre, il serait sûrement un impressionniste, à la palette savamment barbouillée, sauf que sa toile est plutôt une assiette aux allures d’oeuvre d’art.

Hugues Massey est le chef propriétaire, avec sa femme sommelière, Liette Fortin, de l’Auberge du Chemin faisant, sise à Cabano (3200 âmes), à mi-chemin entre Rivière-du-Loup et la frontière avec le Nouveau-Brunswick. Le lieu a déjà quelque chose de magique: une discrète maison au coeur du village, à l’architecture intérieure et extérieure art déco plutôt inusitée dans ce coin de pays. Conçue en 1950 par l’architecte d’origine suisse Robert Blatter, à la demande du maire de l’époque, elle fut ensuite occupée par les Soeurs du Saint-Rosaire avant de devenir un gîte du passant, puis une auberge de six chambres. Faisant aussi office de galerie d’art, avec les oeuvres de cinq peintres exposées en salle à manger, celle-ci fête ses dix ans cette année.

Même si sa grand-mère était libanaise, Hugues, lui, est un vrai gars des Îles-de-la-Madeleine, où son grand-père était déjà hôtelier. Il a roulé sa bosse jusqu’à Québec pour ses études, flirtant même avec l’idée de devenir dentiste avant de bifurquer vers la gestion hôtelière! Il passe quinze ans dans la capitale, notamment comme directeur de la restauration à l’Hôtel Plaza Québec, avant de franchir le pas. "J’ai trippé sur la bouffe quand j’étais haut comme trois pommes. J’ai la passion de la cuisine, mais je ne suis pas un chef", avoue celui qui se définit plutôt comme un "concepteur ou créateur culinaire", foncièrement autodidacte, se servant toujours de livres de cuisine – pour "mieux dériver" – et faisant confiance à sa "très bonne mémoire olfactive" pour ses essais-erreurs. Il n’a même plus à "gérer du personnel en cuisine", car il n’y a que lui et un sous-chef, Frédéric Chamberland, dans sa cuisine de Cabano… La salle à manger est volontairement à dimension réduite, pour 25 à 30 couverts. "Nous voulions créer une auberge de haut niveau mais à petite échelle", explique-t-il.

GOÛTER À TOUT

On comprend mieux ce choix en entrant dans le vif du sujet: sa conception d’une formule de dégustation originale. Chez lui, pas question, d’abord, d’un menu classique avec table d’hôte et déroulé à la carte. Huit entrées-plats et cinq finales sont proposées au client. L’inspiration semble relever des tapas espagnoles ou d’une série de bouchées, mais le chef préfère parler de "plats principaux ou desserts miniaturisés pour goûter plus de choses". Selon son appétit ou sa gourmandise, on peut ainsi combiner plats salés et sucrés pour déguster jusqu’à cinq ou six propositions du menu. Dans chaque cas, on n’est pas au bout de ses surprises. Le classique magret de canard s’agrémente par exemple d’une gaufre de patates avec tapenade d’olives, chou rouge braisé, fromage crème à la coriandre et sauce hollandaise aux tomates séchées.

Mais quel travail en cuisine quand, pour chaque client, il faut préparer non pas un plat mais deux ou trois venant composer un seul service! "C’est beaucoup plus de boulot et de mise en place pour un gars indiscipliné comme moi, mais tout est une question d’organisation et je suis tout de même sérieux", dit en souriant celui qui abandonne chaque soir son sous-chef en cuisine, une fois toutes les "entrées" servies, pour s’en aller jouer du piano en salle…

FESTIVALS GASTRONOMIQUES

En pleine préparation de son traditionnel "festival annuel des produits de la mer" (tous les week-ends, de la mi-mai au 13 juin), Hugues Massey s’est donné pour défi de revisiter de banals classiques comme le fish and chips, l’assiette de poisson fumé ou le pâté au saumon sauce aux oeufs de nos grand-mères. Imaginez ce dernier transformé en "éclair au gravlax de saumon, servi avec un sabayon citron-vodka sur un nid de légumes-racines et fini à la tire d’érable"!

Pour 110 $, les heureux participants à ce "happening culinaire" ont droit à dix services d’entrées-finales et dix services de vins choisis par Liette Fortin. Celle-ci court les salons l’hiver pour dénicher de bons crus à proposer pour ce festival ou celui du gibier (week-ends de la mi-octobre à la fin novembre), mais surtout pour les "tables d’hôte viticoles" offertes toute l’année. Celles-ci sont très populaires, et la formule de choix entrées-finales ouvre à du "sur-mesure" en termes d’accords mets et vins. La sommelière pioche dans sa cave bien garnie pour offrir par exemple trois services de vin pour 25 à 30 $ en accompagnement d’un menu trois entrées-une finale à 40 $. "On pourrait être plus cher, mais on aurait moins de monde et ce n’est vraiment pas notre objectif", lâche Hugues avant de retourner vers ses fourneaux.

Auberge du Chemin faisant

12, rue du Vieux-Chemin, Cabano
www.cheminfaisant.qc.ca
1 877 954-9342, forfaits pour cyclistes

À VOIR, À FAIRE /

TOUT EN CARTON

Rock Belzile est d’abord un récupérateur, puis un réutilisateur de cartons. À son atelier-galerie de Cabano, installé dans une ancienne fabrique de portes et fenêtres, sont exposées ses oeuvres colorées. Sculptures, tableaux, meubles: tout est en carton travaillé de couleurs chatoyantes. Cours et ateliers sur place. Piste cyclable à la porte.

Les Cartons d’Artémis
2, rue Caldwell, Cabano
418 854-3835; www.rockbelzile.com
À partir du 21 juin ou sur réservation

SAINT-FABIEN SUR RANCH

Une belle adresse pour se mettre en selle et tâter de l’étrier que ce Ranch CR, petit centre équestre jouxtant une ferme à Saint-Fabien. Carol Roy en est le jeune proprio sympa. Il traite bien ses chevaux et en a plus de 60 en élevage. Il donne des cours et offre des randonnées d’une heure à une journée ou plus à prix raisonnables. Direction: la campagne de l’arrière-pays ou le bord du fleuve. Sur place, visite guidée d’un tunnel minier d’où l’on a déjà extrait de la barytine.

Ranch CR
131, 1er Rang Ouest, Saint-Fabien
418 869-3484; www.ranchcr.qc.ca

CALENDRIER /

6-7, 13-14 juin: tournée des artistes et artisans de la MRC de Rivière-du-Loup (dépliant aux bureaux d’information touristique, 418 862-7756)

19-21 juin: Festival country de Saint-Antonin, 418 862-8285; www.festivalcountryst-antonin.com

25 au 28 juin: Les Cartonfolies, festival inspiré du carton, à Cabano, 418 854-5568; www.cartonfolies.com

1er juillet-20 août: concerts du camp musical de Saint-Alexandre tous les jeudis, 418 495-2898; www.campmusical.com

4-5 juillet: Fête familiale country western de La Trinité-des-Monts, avec compétition de gymkhana, tire de chevaux et lancer de balles de foin, 418 779-3117; www.trinite-des-monts.qc.ca/country

8 juillet-15 août: Dimanches champêtres des Chapais, Saint-Denis. Dans les jardins victoriens, concerts, contes ou lectures de poèmes, expositions de peintures et sculptures, 418 498-2353; www.maisonchapais.com

ooo

Roue libre

Pistes ou bandes cyclables, petits chemins de traverse, au bord du fleuve ou dans les terres… Le Bas-Saint-Laurent regorge de beaux circuits pour cyclistes amateurs.

En version longu
e randonnée, le parc linéaire du Petit Témis est l’incontournable. Il compte deux sections aménagées sur une ancienne voie ferrée: celle du nord, au départ de Rivière-du-Loup, file sur 134 kilomètres de long, tandis que celle du sud, plus courte (60 km), longe le lac Témiscouata, puis la rivière Madawaska, pour s’en aller vers Edmundston. Ceux qui préfèrent le bord de l’eau peuvent opter pour un joli parcours entre Cacouna et L’Isle-Verte. La piste de 18,5 kilomètres emprunte un chemin en gravier sur terrain plat qui se perd au milieu des marécages du bord de mer. Bucolique à souhait, avec champs d’avoine, effluves marins et petits oiseaux, le trajet s’éloigne parfois du fleuve pour mieux y revenir… en face de l’île Verte. Vue magnifique au soleil couchant! Un peu plus sportif, le circuit de 54 kilomètres sur routes de campagne de Saint-André-de-Kamouraska peut débuter à la Halte écologique des battures. L’objectif est de contourner le beau monadnock (un cran rocheux très couru pour l’escalade) qui barre l’horizon côté sud. À l’allée comme au retour, on roule gentiment sur la route 132, avec de belles vues sur le Saint-Laurent. Le parcours est nettement plus accidenté quand on coupe au sud pour rejoindre le rang du Mississipi, très verdoyant, à l’arrière du gros rocher. Pour ceux qui n’en ont pas assez, crochets possibles jusqu’aux villages de Saint-Germain ou Saint-Pascal, dans l’arrière-pays.