Vie

Abitibi-Témiscamingue : Cet ailleurs-là

La 28e édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue s’ouvre avec La Donation de Bernard Émond, véritable hymne à la beauté abitibienne.

Du 31 octobre au 5 novembre, l’Abitibi-Témiscamingue fêtera en grand sa passion pour le cinéma. Au dire de Jacques Matte, l’un des trois fondateurs du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue avec Louis Dallaire et Guy Parent, cette région serait plus présente que jamais dans notre filmographie nationale.

"Il y a de plus en plus de films qui sont tournés dans la région, explique-t-il au bout du fil. Pensons aux films d’André Forcier (Je me souviens) et de Bernard Émond (La Donation). Avant, on disait que c’était loin; moi, je préfère appeler cela "cet ailleurs". De plus en plus de cinéastes ont envie de trouver cette paix, d’explorer des territoires différents des lieux où l’on tourne plus souvent. Nos cinéastes régionaux, comme les Richard Desjardins et Robert Monderie (L’Erreur boréale), Robert Cornellier (Une autre histoire des pays d’en haut), André Blanchard (Hiver bleu), montraient cet ailleurs-là à Montréal. Plus ça va, plus les cinéastes viennent de Montréal ou de Québec pour le trouver ici… et c’est la même chose pour le public. On présentera d’ailleurs des films régionaux parce que nous portons une attention particulière au cinéma tourné en région."

C’est ainsi qu’il allait de soi de présenter en ouverture du festival La Donation de Bernard Émond, dernier volet de la trilogie sur les vertus théologales, où l’excellente Élise Guilbault reprend son rôle créé dans La Neuvaine auprès du grand Jacques Godin.

"La Donation a été tournée à Normétal, poursuit Jacques Matte, c’est donc un film qui parle de l’Abitibi-Témiscamingue, qui en a saisi le cadre et l’esprit. Selon Bernard Émond, c’est un film qui appartient à la région puisqu’il a été fait avec les gens d’ici. On a aussi choisi ce film, qui fait partie des classiques de notre cinématographie, pour sa qualité. Je l’ai vu au festival de Locarno, où tout le monde l’a apprécié. C’est donc avec fierté que nous présentons La Donation en première québécoise."

Soucieux de donner une place à la relève, le festival a choisi comme film de clôture Lucidité passagère, d’après la pièce de Martin Thibaudeau (coécrite avec George Spiridakis), réalisé par quatre jeunes réalisateurs, Fabrice Barrilliet, Nicolas Bolduc, Julien Knafo et Marie-Hélène Panisset, et mettant en vedette Daniel Parent, Erik Duhamel, Mario Saint-Amand et Hélène Florent.

"C’est un film choral qui raconte une belle histoire, explique Matte. On n’y retrouve pas du tout la sensation étouffante du huis clos comme dans bon nombre d’adaptations de pièces de théâtre. On sent la liberté du cinéma à travers le texte, qui est adapté de façon intelligente. Je ne sais pas si la chicane a pris… mais depuis Cosmos, qui était un film à sketches, je ne me rappelais pas avoir vu un film signé par quatre réalisateurs. Ça sera très intéressant de les entendre parler de leur façon de travailler."

Festival convivial s’il en est, l’événement ne se célèbre pas qu’à Rouyn-Noranda. Ainsi se dérouleront les sorties Télébec et Planète à Ville-Marie, à Amos, à Val-d’Or et à La Sarre. Jacques Matte ajoute: "Cette année, pour les Nocturnes, il y aura des spectacles de Marabout, de 3 Gars su’l sofa; au septième Espace vidéo, on présentera des courts métrages de jeunes réalisateurs. Il y aura aussi des leçons de cinéma offertes au cégep et à l’université. Il y a une forme de proximité intéressante entre les créateurs et le public qu’on a réussi à faire grâce à cet ailleurs. C’est un huis clos très, très confortable qui favorise l’échange. Il y a vraiment une atmosphère unique dans toute la ville."

Enfin, la disparition récente d’un cinéaste important dans l’histoire du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue sera soulignée discrètement: "On va saluer Pierre Falardeau dans notre programme. Pierre est venu souvent au festival, alors c’est sûr que nous aurons une pensée pour lui", conclut Jacques Matte.

Du 31 octobre au 5 novembre
À Rouyn-Noranda
www.festivalcinema.ca

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LE FESTIVAL EN QUELQUES CHIFFRES

Au moment d’aller sous presse, il était trop tôt pour connaître tous les détails de la programmation officielle et les activités se rattachant au festival. Toutefois, les organisateurs ont eu la gentillesse de nous dévoiler que les cinéphiles pourront voir pas moins de 24 longs métrages et 118 courts et moyens métrages en provenance de 25 pays. Notez que la 28e édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue présentera 31 films en primeur, dont 15 en première mondiale, 13 en première nord-américaine et 7 en première québécoise. Par ailleurs, l’an dernier, le festival a reçu 21 000 spectateurs, dont 70 % de Rouyn-Noranda, 12 % de l’Abitibi-Témiscamingue, 16 % d’autres régions et 2 % venus de l’étranger. Réservez vos places dès maintenant!