Vie

Îles de la Madeleine : Mignon et savoureux

À l’instar d’autres animaux, le phoque se chasse, s’observe et se déguste. Il soulève par contre des passions toutes particulières. Au coeur du sempiternel débat entourant l’animal, les habitants des îles de la Madeleine attendent patiemment la visite annuelle de cet illustre mammifère marin à double usage.

CECI EXPLIQUANT CELA

Répondons d’abord à une question: pourquoi les Madelinots, de nature si tranquille, se retrouvent-ils, plus que tout autre groupe, au centre de la controverse entourant l’exploitation du phoque?

Eh bien simplement parce que l’espèce la plus photogénique, celle du Groenland (et son fameux blanchon aux grands yeux noirs et humides), vient profiter des glaces et de la clémence des eaux entourant l’archipel pour mettre bas. Les phoques du Groenland concluent donc annuellement (vers la fin février, début mars) un voyage de plusieurs milliers de kilomètres afin de donner naissance à leur progéniture au large des îles.

La proximité de cette pouponnière a permis aux chasseurs de chasser, aux hélicoptères de survoler les troupeaux et aux caméras du monde entier de se tourner vers les Madelinots malgré le fait que le blanchon (très jeune phoque à la fourrure blanche) se chassait également à partir de Terre-Neuve et avec beaucoup plus d’aplomb. Et nous utilisons bien le verbe au passé, car cette chasse commerciale, bien qu’aucune raison scientifique ne justifiât son arrêt, fut abolie au début des années 80.

L’ENVERS DU DÉCOR

Futés, les Madelinots se sont dit que si l’animal suscitait un tel intérêt, il devait bien y en avoir pour les observer de près.

Comme certains scientifiques et autres officiels devaient de temps à autre visiter le troupeau de loups-marins pour des raisons professionnelles, le transport héliporté vers la banquise s’est développé peu à peu. Vers la fin des années 80, le plus important hôtelier des îles, le Château Madelinot, proposait déjà des forfaits d’observation des phoques dans leur milieu naturel.

Une vingtaine d’années plus tard, les visiteurs viennent carrément de l’autre bout de la planète pour observer la naissance de ce pinnipède. Ce dernier sortira jaunâtre du ventre de sa mère, mais adoptera rapidement sa caractéristique fourrure immaculée couvrant un corps soufflé par la riche sève maternelle.

Du haut des airs, les pilotes repèrent facilement les adultes qui pointillent l’étendue blanche. Les jeunes ne sont jamais loin. Bien protégés dans leur habit de survie orange, les observateurs, préalablement informés des règles à respecter, débarquent alors fébrilement sur ce désert bleu et blanc. Une fois le bruit de l’hélicoptère calmé, ils entendent les appels maternels et l’aboiement plaintif des nouveau-nés. Les visiteurs tremblent alors davantage d’excitation que de froid. Se sachant privilégiés d’assister à ce spectacle unique au monde, ils multiplieront les séances de photos avec le laiteux amphibie afin de bien faire baver d’envie tout leur entourage.

On ne peut leur en vouloir. Même chez les habitués, cette rencontre exalte immanquablement quelque chose de romanesque et d’onirique.

Hôtel Château Madelinot, 1 800 661-4537, www.hotelsilesdelamadeleine.com
Tourisme Îles de la Madeleine, 1 877 624-4437, www.tourismeilesdelamadeleine.com
L’auteur tient à remercier Chlorophylle (www.chlorophylle.net) pour sa contribution à ce reportage.

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LE LESLIE

Au début de l’été passé, après une décennie d’hibernation (et surtout de travaux), l’un des édifices historiques de l’archipel reprenait vie. Situé en face du port de Cap-aux-Meules, Le Leslie, longtemps connu sous le nom de l’Auberge de la Jetée, s’est converti en resto-bar et rattrape le temps perdu en restant ouvert à l’année. Plutôt que de profiter de l’aide trop restrictive du gouvernement pour la reconstruction de ce bijou patrimonial, les propriétaires ont préféré garder les coudées franches tout en respectant à leur manière l’allure du bâtiment. Pour un profane, rien à redire, Le Leslie a très bonne mine. Sa cuisine embrasse large pour plaire à une majorité des quelque 12 000 permanents insulaires. Du billard et une discothèque permettent de brûler les calories acquises en trop. Une nouveauté qui mérite le coup d’oeil.

Le Leslie, 1 418 986-1635, [email protected]