Vie

Bas-Saint-Laurent : Expérience insulaire

Plusieurs îles du Bas-Saint-Laurent sont bien connues: îles du Bic, île aux Lièvres, île Verte, îles de Kamouraska… Regard sur deux discrètes: Saint-Barnabé et l’île aux Basques.

ÎLE SAINT-BARNABÉ

Difficile de trouver plus bucolique que cette terre étirée sur six kilomètres (et 300 mètres de large), située à trois courts kilomètres de la bouillante ville de Rimouski! Propriété de ladite ville, cette première halte terrienne au sud de l’estuaire se révèle un précieux havre de paix pour une sortie de quelques heures ou pour passer deux ou trois jours en camping… Avec 12 départs quotidiens de la marina de Rimouski, on n’a que l’embarras du choix pour aller explorer cette ex-halte favorite des contrebandiers d’alcool durant la prohibition.

On fait le tour de l’île à pied en quatre heures, mais pourquoi se presser quand on peut prendre son temps! Côté nord, 12 superbes sites de camping sont accessibles par un sentier de 1,5 km à partir du débarcadère. Côté sud, on a vue sur Rimouski au loin; trois chalets y seront d’ailleurs à louer en 2011. Côté est, l’anse du Bout-d’en-Haut dévoile ses attraits sauvages avec vue sur Pointe-au-Père, comme la partie ouest montrant les îles du Bic à l’horizon.

En deux heures, on traverse l’île sur toute sa longueur via une belle forêt mixte et de jolies clairières. On parcourt l’épine dorsale de l’île, une crête longue de 500 mètres, pour atteindre une croix érigée à son plus haut sommet: 30 mètres au-dessus du niveau de la mer!

Parlons faune: l’île est le repaire curieux d’une dizaine d’orignaux qui affectionnent un lac d’eau douce, côté ouest. On y trouve aussi une belle héronnière et des castors qui ont creusé des ruisseaux pour transporter leur bois. Sur l’eau alentour, c’est le bal des canards noirs et eiders. Plusieurs haltes thématiques très instructives ont été aménagées sur l’île: archéologie, histoire, faune, flore, milieux côtiers, tout y passe! On y raconte aussi l’histoire de Toussaint Cartier, un ermite qui y a vécu dans une cabane, entre 1720 et 1760! (Info: 418 723-2280; www.tourisme-rimouski.org)

ÎLE AUX BASQUES

Géré et préservé par la Société Provancher depuis 1929, ce joyau naturel est un lieu historique national du Canada depuis 2001. L’île se visite facilement, mais il faut acheter la carte de membre de la société-coopérative (30 $) pour pouvoir louer l’un de ses trois chalets rustiques.

Qui de mieux que le sympathique "homme au béret basque", Jean-Pierre Rioux, maire de Trois-Pistoles, capitaine de bateau-taxi et gardien de l’île, pour raconter l’histoire fabuleuse de cette île qui doit son nom aux pêcheurs basques venus chasser la baleine, le phoque et le marsouin dans l’estuaire du Saint-Laurent entre 1580 et 1630? La courte traversée avec lui sert de belle introduction à l’univers historique de l’île. Comptoir de traite entre tribus autochtones il y a 2000 ans, pour cause de situation géostratégique aux confins du fjord du Saguenay et de la rivière Trois-Pistoles, l’île a vu débarquer les Basques à la recherche de nouveaux terrains de chasse à la baleine à partir de 1584. Ils en font leur pied-à-terre pour dépecer les bêtes et fondre la graisse en une huile très recherchée en Europe pour l’éclairage. En guerre avec Samuel de Champlain, arrivé en 1535 et qui veut leur interdire de pêcher, ils iront même jusqu’à dépêcher deux des leurs pour l’assassiner. L’entreprise échouera et les deux lascars y perdront leur tête… Sur l’île, des fouilles ont permis de trouver trace de la présence amérindienne et basque, notamment de très beaux fours basques en pierre.

Géologiquement parlant, ce morceau de terre de deux kilomètres de long sur 400 mètres de large est un restant de la chaîne des Appalaches soulevé par le Bouclier canadien, avec fond d’ardoise, de schiste argileux et de grès. Côté ouest, on longe des prés verdoyants et une belle flèche de sable se découvre à marée basse. À l’est, on se balade sur les rochers. Entre les deux, un boisé couvre l’île au faible relief et de nombreux sentiers permettent d’en découvrir les secrets. Sanctuaire d’oiseaux migrateurs, ses abords sont notamment le paradis saisonnier des canards eiders, des fous de Bassan, des cormorans et de petits pingouins. Sans compter les bélugas et petits rorquals! (Info: 418 851-1202; www.provancher.qc.ca)

SUR LE CONTINENT

À Trois-Pistoles, on reste dans l’esprit basque en visitant le Parc de l’aventure basque en Amérique. Cet été, on peut même y suivre des cours de pelote basque avec un champion du monde! (418 851-1556; www.aventurebasque.ca)

Pour aller en kayak à l’île Saint-Barnabé: Aventures Archipel (418 750-4491; www.aventuresarchipel.com) ou sur le fleuve depuis Trois-Pistoles: Kayaks de mer des îles (418 851-4637; www.kayaksdesiles.com)