Carrefour de théâtre / My Dinner with André : Théâtre à déguster

Originalement écrit et interprété par Andre Gregory et Wallace Shawn, My Dinner with André est un classique du répertoire cinématographique américain, réalisé en 1981 par Louis Miller. Dix-sept ans plus tard, de l’autre côté de l’océan, Peter Van den Eede invite son collègue Damiaan De Schrijver à créer une version scénique bien à eux, inspirée du célèbre scénario américain. Après plus de 200 représentations en presque 20 ans, le spectacle s’arrête finalement au Carrefour international de théâtre de Québec, toujours bien vivant et hautement pertinent.

Une saveur universelle

Selon Damiaan De Schrijver, c’est dans le grand réalisme des propos tenus par les protagonistes que réside le succès d’une telle pièce. «Le texte parle de l’amour, de la mort, de relations avec les femmes, de notre travail de comédien, de foi. […] C’est une conversation à la fois très personnelle et universelle. Fondamentalement, ça parle d’un conflit. S’il n’y a pas de conflit, il n’y a pas de théâtre.»

Le théâtre lui-même est d’ailleurs un sujet inhérent à ce dialogue mouvementé. Clairement verbalisée par les personnages, cette mise en abyme propose une réflexion aux spectateurs, aussi convives du repas spectaculaire. Le tout est bien sûr mis en scène avec énormément d’humour; un aspect essentiel pour les concepteurs et interprètes du spectacle. «Quand on a vu le film, au début, ça ne nous a pas du tout plu. On n’a pas trouvé l’humour là-dedans: c’est de l’ironie cachée. Chez nous, l’humour est beaucoup plus à la surface.» C’est donc une fois le texte traduit (d’abord en néerlandais, puis en français) et adapté à la scène grâce à leurs anecdotes et improvisations personnelles que les rires se sont résolument invités au souper.

Victuailles scéniques

Amateurs de bonne bouffe, les créateurs belges ont ingénieusement su joindre l’utile à l’agréable en intégrant à la représentation un véritable repas, servi sur scène et préparé en direct. «Après les spectacles, les restaurants sont toujours fermés. Alors, je me suis dit: il faut manger pendant le spectacle», rigole De Schrijver. «Les cuisiniers sont libres de préparer ce qu’ils veulent, mais la nourriture est très importante. C’est la montre, l’horloge du spectacle. Ça divise le temps et c’est comme ça que le public s’aperçoit que la pièce avance.»

Sur la scène du Théâtre Périscope, ce sont les créations culinaires du Pied bleu et du Bistro B qui seront à l’honneur, alors que les chefs s’improviseront comédiens d’un jour. Si on en croit François Blais, chef du Bistro B, de nombreuses surprises attendront les acteurs. «Apparemment, les gars ont un brin d’humour et sont capables d’en prendre, alors je vais essayer de les surprendre avec un petit quelque chose de spécial, comme un plat de testicules d’agneau.» Assurément, la table est mise pour une soirée de haute gastronomie et de grand théâtre.

1er, 2 et 4 juin

Théâtre Périscope

(Dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec)