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Abdullah Ibrahim: African Magic

Abdullah Ibrahim
African Magic

Enja/Justin Time, 2003

Captée en concert à Berlin en 2001, l’intime escale en trio du pianiste sud-africain Abdullah Ibrahim (Belden Bullock à la basse et Sipho Kunene à la batterie) dévoile une musique aussi engagée sur le plan mélodique qu’inclassable dans une catégorie musicale. Pour s’inspirer, Ibrahim aime s’en remettre à une sorte de discipline spirituelle, racontant dans le livret les exilés de Capetown à New Orleans et les rassemblements d’esclaves de Congo Square, puis évoquant, à l’opposé, la liberté de l’Angola et la littérature islamique. Rien toutefois pour éluder les mélodies, qui réfèrent ouvertement à Duke Ellington et John Coltrane. Une musique, somme toute, qui est faite de petites respirations, où la fragilité est toute proche; une musique qui s’amuse, qui virevolte. Illustration à l’appui: un Blue Boléro qu’il offre en fragments disséminés en cinq versions distinctes. C’est ce souffle un peu fou qu’Abdullah Ibrahim promène sur le répertoire, 24 savantes vignettes en tout. Nourrissant.