Captée en concert à Berlin en 2001, l’intime escale en trio du pianiste sud-africain Abdullah Ibrahim (Belden Bullock à la basse et Sipho Kunene à la batterie) dévoile une musique aussi engagée sur le plan mélodique qu’inclassable dans une catégorie musicale. Pour s’inspirer, Ibrahim aime s’en remettre à une sorte de discipline spirituelle, racontant dans le livret les exilés de Capetown à New Orleans et les rassemblements d’esclaves de Congo Square, puis évoquant, à l’opposé, la liberté de l’Angola et la littérature islamique. Rien toutefois pour éluder les mélodies, qui réfèrent ouvertement à Duke Ellington et John Coltrane. Une musique, somme toute, qui est faite de petites respirations, où la fragilité est toute proche; une musique qui s’amuse, qui virevolte. Illustration à l’appui: un Blue Boléro qu’il offre en fragments disséminés en cinq versions distinctes. C’est ce souffle un peu fou qu’Abdullah Ibrahim promène sur le répertoire, 24 savantes vignettes en tout. Nourrissant.
Guide albums

Abdullah Ibrahim
African Magic
Enja/Justin Time, 2003