Il est probable qu’on n’aurait pas accordé autant d’attention à cet album si le légendaire pianiste louisianais Allen Toussaint n’était pas mort subitement après un concert à Madrid il y a quelques mois. Il n’en fallait pas plus pour authentifier cette œuvre pudique comme son testament. Vrai que ce survol bluesy des grands compositeurs afro-américains (Duke, Strayhorn, Fatha Hines et Fats Waller, entre autres) a bien des airs de bilan prémédité. Les pièces en piano solo sont sublimes de tendresse et d’humour. Pas de gaspillage virtuose, mais du vécu à chaque accord et des échos et des images de la vie nocturne à La Nouvelle-Orléans. Trésor inachevé? That is the question. Mais nous prenons ce volume intact pour ce qu’il est, pour ce qu’il a d’élégance et parce qu’il se termine par une chanson grave de Paul Simon en guise d’épitaphe. Émouvant.
Guide albums
Allen Toussaint
American Tunes
Nonesuch \ Warner, 2016