«I just want to love you in my own language», chante Joe Newman sur 3WW, la première pièce de Relaxer, le troisième album d’Alt-J. Pour ce groupe anglais cette ligne en dit beaucoup: leurs paroles énigmatiques, jumelées à des mélodies singulières, leur permet de composer avec des couleurs musicales peu communes.
Sur Relaxer, le trio pousse plus loin son désir d’explorer. Cependant, tiraillé entre le succès populaire et le désir d’innover, il ne sait pas toujours sur quel pied danser: alternant entre la majesté de la London Philarmonic Orchestra et les sonorités électropop, Alt-J propose une œuvre concise et intéressante, mais également un peu diffuse, qui manque de cohésion. Le groupe ne veut pas faire du surplace – et c’est tout à son honneur -, cependant cela implique de prendre des risques et, parfois, de rater la cible.
Sur la très cinématographique pièce Adeline, où le nom d’Hans Zimmer figure parmi les auteurs, le groupe atteint un niveau de grâce inégalé en carrière. La montée en crescendo de l’orchestre surprend et sera à coup sûr un moment féérique en concert. Cet élan magnifique est retrouvé sur Pleader, une pièce spirituelle, toute désignée pour conclure l’album sur une bonne note.
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On ne peut que saluer certaines décisions très courageuses du groupe, comme de sortir l’hypnotique et minimaliste 3WW comme premier extrait. Cependant, certains choix font quelque peu sourciller… Pensons notamment à la psychédélique et très oppressante Hit Me Like That Snare qui ne cadre pas du tout dans l’ensemble. Ses paroles rebelles idiotes à connotation sexuelle et ses arrangements agressifs viennent freiner les élans introspectifs et aériens de l’album.
Même constat avec House of the Rising Sun, une relecture personnelle et surprenante de la chanson bien connue de The Animals, mais qui peine toutefois à rester mémorable. In Cold Blood et Deadcrush offrent quant à elles des moments efficaces d’électropop et donnent un peu de mordant à la proposition. Toutefois, sur un album aussi court (huit pièces et 39 minutes), il convient de maintenir une vitesse de croisière optimale, chose qu’Alt-J ne parvient pas toujours à faire.
Les fans seront heureux de retrouver l’esprit intriguant et les références très intéressantes (la pièce The Quare Fellow, le roman How Green Is My Valley) du groupe, mais certains auditeurs seront à coup sûr déstabilisés. Relaxer est un album plaisant, courageux et introspectif, où, comme les «0» et les «1» binaires d’In Cold Blood, se côtoient deux éléments: le désir de plaire et la volonté viscérale de sortir des sentiers battus.
En concert à la Place Bell (Laval) le 29 octobre
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