Les chansons d’Ani DiFranco révèlent les racines profondes du Mal qui ronge la société américaine. Sur la pochette du disque, un arbre, photographié à Nagasaki en 1945, irradié à mort. Le spoken word Reprieve parle de la planète en danger, en sursis, à l’âge du nucléaire. Plus près de nous, le 21e siècle s’ouvre sur une crise interne, l’horreur de La Nouvelle-Orléans, avec la négligence ayant précédé le drame, les ratés de la gestion de crise, les tensions raciales exacerbées. À l’origine de la violence et de la destruction, l’instinct de domination et la soif de pouvoir. DiFranco en appelle au féminin en nous, à son amour pour la vie: and then try to shake yourself awake / cuz you can sense what have been lost. Une belle effervescence des mots avec de multiples connotations culturelles. L’ensemble des chansons offre une musicalité étonnante: la voix de la chanteuse, assurée et fragile à la fois, prend appui sur la contrebasse de Todd Sickafosse et sur un minimum d’effets sonores.
Guide albums
Ani DiFranco
Reprieve
Righteous Babe, 2006