Après plus d’une décennie de silence, Annette Peacock nous revient enfin avec un disque d’une magnifique pureté. Cette pionnière fut, aux côtés de Paul Bley (qui interpréta nombre de ses compositions), l’une des premières à intégrer l’électronique à la musique jazz. Avant-gardiste exceptionnelle, spécialiste de l’improvisation vocale, elle signe, avec An Acrobat’s Heart, un album relativement classique selon ses propres standards. Elle aurait pu se contenter de s’accompagner seule au piano (ce qu’elle fait ici très sobrement), ce qui aurait servi à merveille ces intimes réflexions sur l’amour (ou l’absence de). Elle a pourtant signé des arrangements d’une mélancolie à vous couper le souffle pour le Cikada String Quartet. Ne serait-ce de cette drôle de voix difficile, presque parlée, tellement fragile et imposante à la fois, et de cette franchise toute nue dans l’émotion, on pourrait presque croire que ces compositions sont des standards de jazz oubliés. Peut-être que dans 20 ans, on les considérera comme tels.
Guide albums
Annette Peacock
An Acrobat's Heart
ECM/Universal, 2001