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Arcade Fire: The Suburbs

Arcade Fire
The Suburbs

Sonovox/FAB, 2010

Moins poignant que Funeral et moins cérébral que Neon Bible, The Suburbs paraît plus simple en surface, mais son spectre sonore est tapissé de sublimes arrangements de cordes (Owen Pallett) et de guitares raffinés, tantôt soniques, créant cet effet d’urgence inhérent au combo. Le disque se divise en cycles, les hymnes rock (réussis à tout coup) viennent par deux, entrecoupés de nombreuses séquences atmosphériques touchantes, mais inégales. On mise beaucoup sur la voix de Win Butler, grand interprète de la scène indé, et l’évolution réside dans des références new wave plus assumées. Mais surtout, The Suburbs est un disque de débuts de chansons et non d’apothéoses ou de finales grandioses. Les meilleurs titres se révèlent dès leur première minute, qui à elle seule suffit à nous conquérir. (Olivier Robillard Laveaux)

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Funeral donnait et donne encore la fièvre; Neon Bible, sans sustenter autant, libère quelque chose de fascinant; le troisième chapitre de l’épopée musicale d’Arcade Fire est d’un grand magnétisme: 16 titres glissant joliment les uns dans les autres. Les plus fougueux sont exaltants comme toujours chez AF, mais certains, mid-tempo, provoquent un ravissement semblable: Rococo et Suburban War. Plus posé que d’habitude, Win Butler n’a jamais aussi bien chanté. Le frisson est déclenché, à plusieurs reprises, par de minutieux arrangements de cordes signés Owen Pallett. Belles mélodies implosives, un son riche, beaucoup d’idées menées à bon port, quelques pas hors de la zone de confort (Sprawl II), la fureur rock, le don de chatouiller la corde sensible… Qui a dit que la banlieue était une muse ingrate? (Marie Hélène Poitras)

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Après le grandiloquent Neon Bible, la retenue va bien à Arcade Fire. Oh, il y a encore bien des débordements sur ce troisième album, mais ceux-ci sont plus souvent de nature rock (Empty Room, Month of May) ou électro (excellente Sprawl II, qui rappelle Cyndi Lauper) et, d’autre part, ce sont vraiment les moments plus intimes et chambrés qui marquent. À cause des mélodies habiles et des arrangements épurés de Modern Man, Wasted Hours et We Used to Wait, mais aussi à cause de cette façon touchante, ciblée et honnête dont le père et la mère Butler racontent la solitude et l’attente de la vie dans le 450 (et le 936) avant Internet. Un album charnière qui permet au septuor de dépasser le stade de sensation indie et de rejoindre les grands storytellers. (Olivier Lalande)