Ouvrant sur un excellent boogie-woogie à la Jerry Lee Lewis, Modern Times oscille entre des ambiances de bar du Tenessee un soir de Southern Comfort et une moitié de tempos lents aux accents de vieux jazz bluesy, souples, dépouillés et presque gais (Beyond the Horizons). Outre les splendides et très dylanesques Workingman’s Blues no 2, Nettie Moore et la sombre et mystique Ain’t Talkin, qui rappelle le mutisme caustique de Time Out of Mind, l’album abuse si bien des poncifs du genre qu’on croirait entendre des covers des années 60 de Charlie Feathers, Hank Williams ou Mike Bloomfield dans lesquels l’identité de l’auteur se dissout. Quarante-cinquième album du maître, Modern Times est anachronique, primitif et cru. Hormis ses textes délirants, Dylan – et d’autres – aurait pu l’enregistrer il y a 45 ans.
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Bob Dylan
Modern Times
Columbia, 0000