Les anglos diront du Buck 65 nouveau qu’il s’agit d’un grower. Le genre d’album qui, d’abord, ne vous dit rien qui vaille, mais qu’un inexplicable magnétisme ramène inlassablement vers le lecteur jusqu’à ce que cette musique vous colle à la peau, grandisse en vous. Plutôt qu’une suite logique à son impeccable Talkin’ Honky Blues, l’improbable rappeur néo-écossais propose ici un surprenant hommage à ceux qui peuplent sa discothèque – produit en collaboration avec Tortoise, s’étoilant du country au punk, au rap, à la chanson française, chaque pièce comme une vignette, adoptant le genre choisi. On y croise le fantôme de Johnny Cash, le profil famélique d’Iggy Pop, les touches feutrées du piano d’Erik Satie, la mauvaise haleine de Serge Gainsbourg. Nouvelle bande-son des impitoyables contes du Buck, le flow s’étire paresseusement comme un chat au soleil. Désarçonnant, mais superbe.
Guide albums
Buck 65
A Secret House Against the World
Warner, 2005