Que vous dire de Tricycle, cet album triple témoignant des différentes tournées de Daniel Bélanger depuis 1994, sinon qu’il taquine de très près la perfection et le bonheur absolu. Trois disques, trois formations, trois ambiances, et le portrait en un peu plus de trois heures d’une évolution ahurissante. Pour l’expérience ultime, on débutera donc par le volume un, tiré de la tournée des Insomniaques s’amusent, sa première. La chance de reprendre contact avec Ma dépendance, dont on avait oublié l’existence, pourtant essentielle. L’occasion de goûter aux premières versions de Sortez-moi de moi et surtout du Parapluie, dont l’interprétation d’alors faisait appel à une délicieuse dérision.Version chaloupée et plus légère de Sèche tes pleurs, sensuelle de Projection dans le bleu (et si Rick Haworth collaborait à Bleu nuit?…), un Bélanger plus en confiance: bienvenu à la tournée Quatre Saisons dans le désordre, un des plus grands spectacles, tous genres confondus, dont j’aie été témoin. Parce que l’album studio tourne encore régulièrement à la maison, la magie de ce deuxième disque opère cependant moins, handicapée par l’absence de la nostalgie du premier, et de l’aspect inédit du troisième. Se plaindre le ventre plein? Tout à fait…Si vous pensiez que les arrangements somptueux faisaient la force des Quatre Saisons dans le désordre, c’est que vous n’avez pas assisté à la tournée Seul dans l’espace, la dernière en date du chanteur. Chacune des pièces se tient haute et fière, dénuée de tous ses vêtements, si ce n’est un voile de guitare. Majestueuse, caressante, assurée et rassembleuse, la voix de Daniel Bélanger occupe chacun des recoins de la salle. Les Temps fous et Les Vieux Entrepôts sont les plus beaux témoignages. Dieu qu’on est loin des premières versions hésitantes de Sèche tes pleurs…Parce que Daniel Bélanger a de tout temps transformé ses aventures scéniques, la création de ce coffret allait de soi et ne se révèle en aucun cas superflue. Le fan y trouvera en supplément quelques inédites studio et un livret exhaustif. Alors, ça vaut la peine ou non? Pour être franc, ce Tricycle transpire la générosité d’un bout à l’autre. Essentiel.
Guide albums
Daniel Bélanger
Tricycle
Audiogram/Select, 1999