Perdu pendant plus d’une décennie au milieu d’une samba incessante, le génie des ex-Talking Heads accouche ici d’un précieux album intime et anecdotique construit autour d’arrangements simili-classiques rappelant un Sgt. Pepper’s dont les abus auraient mené à une légère schizophrénie permanente. Parmi ces brillantes mélodies défendues d’une voix de fausset qui arriverait (heureusement) bonne dernière à Star Académie, notons The Man Who Loves Beer, une bizarrerie religieuse chantée en français et quelques bossas-novas fluides qui rempliraient d’aise Antonio Carlos Jobim. S’attardant aux bizarres de la dérive humaine dans les grandes cités, la forme d’écriture – cocasse -, parfois quasi automatique, qui n’a pas varié depuis Life During Wartime, affiche encore cette névrose assumée qui fait de Byrne un des témoins importants des délires du 20e siècle américain.
Guide albums
David Byrne
Grown Backwards
Nonesuch/Warner Music, 2004