Noir Désir
Des Visages et des Figures

Lassé de devoir tenir à bout de bras le flambeau du rock français, Noir Désir vient de faire le grand saut. Leur album de remix (One Trip One Noise) marquait déjà un pas vers l’affranchissement, mais Des Visages et des Figures confirme la parti-pris de liberté. Bertrand Cantat, qu’on croyait presque devenu aphone, brille ici comme jamais, son timbre éraillé atteignant des sommets insoupçonnés. Inspiré, il prédit presque les événements du 11 septembre sur la prophétique Le grand Incendie ("Babylone, Paris s’écroule, New York City Iroquois qui déboulent"). Puis, en entendant Des Armes, on se dit: "Tiens, il vieillit en rugissant, le Cantat, on dirait du Ferré". Ben, évidemment, puisque c’est une reprise! Puis, avec Le Vent nous portera , on sent souffler le vent chaud d’un Manu Chao (re-évidemment, patate : c’est lui qui joue de la guitare !). Il faut presque attendre septième plage (Son Style 1) pour que rugisse le rock franc, cru, qui était la marque de commerce du groupe, mais on n’a pas vu le temps passer. Confirmation absolue de l’émancipation totale, la bizarre L’Europe, délire de 23 minutes en compagnie de Brigitte Fontaine, vient confirmer la renaissance total de Noir Désir. Un gros pas en avant.