Après avoir incarné Janis Joplin pendant des années, il était normal pour la Montréalaise à la voix graveleuse de vouloir balancer cet immense alter ego. La chanteuse se cherche une identité, mais il n’est pas sûr que ce virage francophone lui convienne. Avec des réminiscences de Laurence Jalbert et de Francine Raymond, les inflexions vocales d’Angel ont certes du chien, mais son canevas compositionnel est plutôt mince. À part la très belle Red Light à la toute fin du disque, la trop grande linéarité des chansons et le fignolement, assez convenu, des arrangements tuent dans l’ouf toute tentative d’éclore sous une nouvelle adresse. Avec un titre d’album semblable, on voudrait bien saisir l’insaisissable, comprendre l’incompréhensible; mais malgré un triumvirat de guitaristes chevronnés (Haworth, Hill, Deslauriers), on reste perplexe. Angel a un talent certain, mais en désamorçant sa fougue, c’est comme si la Ferrari restait dans le garage.
Guide albums
Angel Forrest
Étrange ce qui dérange
Consult'Art, 2001