On savait les frangins Friedberger déstabilisants, prolifiques, capables de fignoler autant un opéra-indie rock (Blueberry Boat) que des airs de pop déjantée terriblement accrocheurs (EP). Mais on ignorait qu’ils avaient une grand-mère grecque de 83 ans, Olga Sarantos, directrice de chorale et organiste dans les années 40, avec une voix caverneuse et des souvenirs d’une vie riche à l’origine de cette chose étrange qu’on apprend à apprivoiser au fil des écoutes: Rehearsing My Choir. Le premier contact laisse l’auditeur décontenancé, car l’aïeule et sa petite-fille Eleanor entremêlent leurs voix opposées, témoins d’époques différentes, et le piano, les synthés, les orgues et les claviers à cinq piastres cohabitent, ouvrant sur des sonorités rétro-futuristes: anti-disco hanté sur The Wayward Granddaughter, samba détraquée sur Forty-Eight Twenty-Three Twenty-second Street. Un album débridé, très narratif, plein de ruptures de ton, foisonnant, mais exigeant.
Guide albums
Fiery Furnaces, The Fiery Furnaces
Rehearsing My Choir
Rough Trade, 2005