Boards of Canada
Geogaddi

Avec Music Has the Right to Children, son colossal premier album, le duo écossais Boards of Canada a cartographié les limites d’un univers parallèle que des hordes de cliqueurs de souris se sont empressés d’envahir. Mais aucun d’eux ne semble avoir trouvé le chemin qui mène au Graal, auquel BoC s’abreuve à nouveau sur Geogaddi. Une véritable poésie émerge de ces boucles rythmiques hachurées et de ces paysages ambient qui évoquent parfois des cartes postales délavées de la campagne écossaise (à moins que ce ne soit le pôle Nord?). D’une façon étrange, une véritable âme habite cette musique synthétique, qui semble parfois douée de vie propre tant elle déjoue, même dans les plus insignifiantes répétitions, les attentes. Car chez Boards of Canada, il y a toujours un grain de sable pour enrayer la machine, un brin d’humanité, si distante et distordue soit-elle (ces voix trafiquées, comiques à l’occasion, sont toujours troublantes), pour nous rappeler qu’on est loin de la froideur calculée de la majorité des parutions d’intelligent dance music. Le groupe n’a pas brisé le moule, mais il plonge dans certains des replis les plus sombres de l’album précédent. Et l’auditeur n’en sort pas indemne.