Goldfrapp, c’est d’abord Alison Goldfrapp, dont on a déjà pu entendre la voix chez The Orb et Add N to X. D’agréable complément qu’elle était alors, elle devient ici carrément envoûtante, explose et remplit les moindres recoins de l’espace. Une voix caméléon, cajoleuse, inquiétante, énorme, qu’on imagine aisément interpréter Diamonds are Forever ou s’attaquer à une aria de Mozart. Par moments, elle s’emporte et on la distingue mal des stridences électroniques (ondes Martenot?) que Will Gregory, hémisphère droit de ce duo osmotique, saupoudre sur de somptueux arrangements de cordes. Quelques invités triés sur le volet, dont Adrian Utley (Portishead) et John Parish (PJ Harvey), viennent ajouter quelques couches supplémentaires à ce puzzle aux multiples références. C’est clair: avant de se lancer en studio, Goldfrapp a assimilé l’intégrale de Morricone, John Barry, Nino Rota et même Henry Mancini; mais l’intégration est tellement réussie qu’on ne saurait les traiter d’imitateurs. À la fois doux et dense, comme le suggère son titre, Felt Mountain est un album intemporel.
Guide albums
Goldfrapp
Felt Mountain
Mute/Fusion III, 2000