Jacques Dutronc
Madame l'existence

Le mythique tandem Dutronc-Lanzmann se ressoude, sans que cette réunion des deux Jacques, plus de 30 ans après la rupture de leur collaboration, laisse planer la moindre impression de réchauffé ou de mercantilisme. Grâce à la réalisation sobre et appropriée d’Alain Lubrano, les instruments et les programmations s’enchaînent sans heurt, mettant en valeur cette belle livrée de textes. Dutronc se montre ici mélancolique à souhait, en contraste total avec ses débuts, notamment dans une excellente pièce-titre qui fleure bon le Gainsbourg tardif et le Bashung récent. Après un habile et éthéré clin d’oil à Mouloudji (Un jour tu verras), on constate la persistance du revendicateur (Face à la merde, L’Ère de rien), mais sous le poids d’un désabusement considérable, relativement étouffant. En dépit de ses quelques inégalités, Madame l’existence permet à Dutronc de se renouveler avec bonheur.