Que Jason Bajada embrasse la langue de l’amour tombe sous le sens, lui qui est passé maître dans l’art d’ausculter ce ravageur sentiment. Esclave consentant d’une ribambelle de filles vénéneuses, l’amant éconduit embrasse aussi, et très goulûment, ses désirs pop sur ce premier disque en français. Spectaculaire exemple: le riff hyperbolique de Tes rêves, comme si Léandre avait remplacé David Coverdale à la tête de Whitesnake (ceci est un compliment). Bien qu’il flirte parfois avec les mêmes sonorités 80s que Peter Peter (qui cosigne Armée de montgolfières), le folk singer reconverti en crooner nocturne accumule les belles bêtises en jouant davantage la carte de l’hétérogénéité (la country-rock William (avec toi)). «Ma peine est chic», chante-t-il en soignant sa mélancolie dans les bras de la beauté. Son album l’est aussi.
Guide albums
Jason Bajada
Le résultat de mes bêtises
Audiogram, 2013