On n’aborde pas une ouvre posthume, surtout quelqu’un ayant l’ampleur de Jeff Buckley, avec légèreté. Pas question de lui donner la note de passage, ou de lui coller un «peut mieux faire», dans l’espoir de le voir un jour s’améliorer. Tout comme ce fut le cas avec l’inachevé Sketches for my Sweetheart the Drunk, cet album live, enregistré aux quatre coins du monde lors de la tournée de Grace, est à prendre tel quel. On y retrouve les extrêmes qui ont fait de Buckley l’un des chanteurs les plus doués de sa génération (le lyrisme de Dream Brother, le désespoir de Mojo Pin). On y trouve aussi l’envers du génie: le cabotin qui présente Last Goodbye à son public parisien avec une petite chansonnette réaliste sur la consommation de fromage, ou l’enragé qui livre une version quasi métal d’Eternal Life. Inégal et sans compromis.
Guide albums
Jeff Buckley
Mystery White Boy, Live 95-96
Columbia/Sony, 2000