La prose désormais légendaire de Jim Corcoran en tarabuste plus d’un. Entre Buñuel et Picasso, à ce jeu, l’acrobate des mots passe aisément de la caresse au coup de griffe. Deux extraits choisis: «croquis croche d’un moi qui meut» (Gris comme Pâques à Londres) ou «au seuil de nos dessous où grondent nos désirs, déjeunons sans gêne» (Dis-moi que tu m’aimes) échappent à toute analyse rationnelle. Toujours la pêche, le Jim. Un indécrottable romantique aussi, ne l’oublions jamais. Corcoran enlace cette voix indicible comme un lierre autour de guitares complices (Pierre Côté), de chours magnifiants (Monique Fauteux et Linda Benoy), d’arrangements qui ventilent (Carl Marsh), etc. De cette finesse d’exécution, on retient surtout L’aube tarde, en hommage au disparu en mer Gerry Roufs; ou la toute première, la guérissante On aurait dit l’amour. Après John Malkovich, la version audio: Being Jim Corcoran. Un beau disque.
Guide albums
Jim Corcoran
Entre tout et moi
Audiogram, 2000