Si Thomas Edison détient le brevet d’invention du phonographe, il faudrait accorder à Joào Gilberto la patente pour l’interprétation de la bossa-nova. Depuis la parution en 1958 de Chega de Saudade, le premier classique du genre, le monsieur chauve avec la veste sombre et les lunettes rondes qui fit l’objet de la meilleure chanson de Diane Tell a l’air d’un triste fonctionnaire. Mais attendez qu’il caresse les cordes en nylon tout en susurrant son murmure nasillard et mélodique: il se transforme en véritable orfèvre. Tout est dans le détail, dans ce phrasé subtil, dans le rythme inné, dans ce chuintement de syllabes portugaises qui se transforme en poésie pure du Brésil. Seulement guitare et voix, ce disque trop bref et si discret est en fait une leçon magistrale; une espèce de modèle du genre.
Guide albums
Joào Gilberto
Voz e violào
Verve/Universal, 2000