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John Maus: Screen Memories

John Maus
Screen Memories

Ribbon Music, 2017

Ancien membre du Haunted Graffiti d’Ariel Pink, le Minnésotain John Maus a été acclamé pour la synth-pop existentialiste de son troisième album We Must Become The Pitiless Censors Of Ourselves en 2011. Peu après, dans la foulée d’une gloire underground, il s’est retiré du jeu pendant quelques années afin de compléter un doctorat en philosophie politique – une absence payante, qui aura augmenté son rayonnement à des proportions presque cultes, et lui aura aussi permis de créer son propre synthétiseur modulaire (tout simplement, là). Il revient donc d’une réclusion de six ans avec une pop autonome, à l’hermétisme magnétique, et dont l’austérité résonne dans une clameur combattante, à coups de basses percussives et de pathos spectral. Maus nous capte dans un huis clos aux échos d’une étrangeté hypnagogique, tout en faisant pressentir la fatalité, voire l’imminence de la fin, vibrant d’une angoisse ceinte de torpeur à travers l’éternel recommencement des motifs et des mots. C’est une pop divergente, une pop contextuelle; c’est l’insolite lueur d’un refuge aux entropies triomphantes, c’est l’analyse d’une perte célébrée d’avance, et c’est le couronnement de son œuvre.

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