Depuis la séparation de Sonic Youth en 2011, Kim Gordon s’est lancée dans divers projets artistiques; on l’a connue peintre, actrice, auteure (son autobiographie Girl in a Band) et bien entendu musicienne avec les projets Body/Head et Glitterbust. Mais, à part l’extrait Murdered Out sorti en 2016, Kim Gordon n’avait pour ainsi dire rien fait paraître sous son propre nom, jusqu’à ce tout nouveau No Home Record. Ce premier album solo nous prouve en 9 titres et guère plus de 35 minutes que l’attente en aura valu largement la peine. No Home Record est une réussite totale, du début à la fin. Un album superbement construit et produit – en compagnie de Justin Raisen (Ariel Pink, John Cale…) et Shawn Everett (The Voidz, War on Drugs…), qui révèle autant l’aspect sonique de Kim Gordon que son côté plus sombre et abstrait, avec toujours une bonne dose d’expérimentations et de prises de risques, notamment certaines aventures en territoire électronique. On n’est pas loin des paysages arpentés par Sonic Youth, mais cette fois-ci, c’est Gordon qui se charge seule du chant, et c’est pas plus mal. On pourrait s’étendre longtemps sur chaque morceau (clin d’oeil aux Stooges, flirt avec le trap…), mais au final on en arriverait à ce qu’il faut surtout retenir ici: No Home Record est un de ces disques comme on n’en entend pas assez; sauvage, sexy, dangereux, rageur, sinistre, dissonant, audacieux et parfaitement maîtrisé. De girl in a band, Kim Gordon est devenue LE band.
Guide albums
Kim Gordon
No Home Record
Matador, 2019