Univers en théorie libéré de toute contrainte, le folk-rock d’allégeance indé se permet somme toute assez peu de transgressions, et ressemble désormais trop souvent à une itération contemporaine du soft-rock des années 1970. Sans faire voler en éclats tous les poncifs du genre (tambours pseudo-tribaux, chœurs emphatiques), Lakes of Canada se mesure bellement à son titre, et transgresse, ou du moins transcende, le genre qu’il embrasse grâce à de salutaires emprunts au gospel et au bluegrass, mais surtout grâce à une urgence de tous les instants, celle de retrouver la lumière le plus tôt possible. Écrit par le leader Jake Smith à la suite de l’assassinat de sa mère, ce deuxième album de la formation montréalaise conjugue le ton grave de l’élégie et à celui, plus fiévreux, de la révolte face l’arbitraire de la tragédie. «When I go down to the garden, I will hold my hand up high and I swear by God I’ll know what’s right when I hold your hand in mine», assure le chanteur sur Eden, sorte de prière inaugurant ce disque en forme de «close-combat» avec l’idée que l’existence n’est qu’absurde. On aura compris que l’important ici, n’est pas de croire au paradis, mais bien de croire au pouvoir de la musique de garder en vie la mémoire ceux qui l’ont quitté trop vite.
Concerts cet automne à Granby, Québec, Shawinigan, Saint-André-de-Kamouraska et Montréal: lakesofcanada.com/shows-2
EXTRAIT: Eden