Trois ans après la sortie de Bleu Nelson, cette voix douce et délicate surprend toujours autant. En solo, Marie-Eve Roy se prête à un exercice tout autre, se distanciant même drastiquement de ce qu’elle a pu faire au sein des Vulgaires Machins. La musicienne rompt avec le cynisme et l’engagement social féroce pour embrasser une sensibilité toute autre. Elle célèbre, en quelque sorte, sa vulnérabilité.
Après un premier effort somme toute assez fleur bleue et premier niveau, l’auteure-compositrice-interprète affine sa plume et brouille les pistes. Elle ne puise plus systématiquement son inspiration du couple, de ses émois romantiques. La pièce-titre évoque le syndrome FOMO (cette peur de passer à côté de quelque chose) mais aussi la peur de vieillir qui taraude les femmes. Reste, la suivante et peut-être la plus belle, résonnera fort dans le coeur de ceux qui accompagnent un proche en voie d’obtenir l’aide médicale à mourir. À moins que ce ne soit une chanson qui traite d’une rupture amoureuse? Les angles de lecture sont multiples.
Sauf que les arrangements nous font voir clair dans son jeu. On croirait entendre une jeune Lykke Li (période Youth Novels) sur plage 5 dans ce savant alliage de choeurs sibyllins, de tambours, de réverbérations. Sur Si seulement, la délicatesse du piano et son phrasé saccadé rappellent les débuts de Coeur de pirate alors que Beach House et The XX (des influences revendiquées celles-là) semblent s’immiscer sur certains bridges, armés de leurs plugins fétiches. Des impressions de déjà-vu qui n’agacent pas, certes, mais qui commencent à dater un tout petit peu.
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