Le virage blues amorcé en 2001 (l’album Roots’n’blues) par Nanette Workman s’est avéré salutaire. Retour aux sources, évocations de son Mississippi natal, musiques qui atteignent le bas du ventre: le contexte lui sied à merveille. Dans cet esprit, personne ne peut lui reprocher de vouloir maintenir ce cap, surtout qu’à 56 ans, la maturité de ses cordes vocales lui octroie une crédibilité à toute épreuve. Pas sûr, toutefois, que le courant passe aussi bien avec les 11 chansons qu’elle propose ici. L’armada de musiciens invités apporte certes un bel éventail sonore; parlons plutôt d’une incursion blues sans réelle intrigue, où l’émotion injectée par sa voix rauque n’arrive pas à trouver refuge dans un crossover blues-rock aux guitares parfois criardes. Pourquoi, par exemple, refaire une mocheté comme Rock Steady de Bryan Adams quand elle peut si bien adapter I Lost My Baby de Jean Leloup? C’est cette Nanette-là qu’on préfère: quand on entend battre son cour.
Guide albums
Nanette Workman
Vanilla Blues Café
Disques Bros, 2003