Cinq notes de piano égrenées comme des perles dans un écrin de poésie pure… Cinq notes puis 12 mélodies, éclairant le superbe chemin parcouru depuis 10 ans par Nick Cave, poète punk véhément, recyclé en crooner, puis en marchand de sombres complaintes romantiques. Couples foireux, maisons hantées par les regrets et sursauts violents de la chair meurtrie, l’Amérique intime qui transpire de ce disque semble sortie tout droit d’un tableau de Hopper où des figurants immobiles, épuisés, compteraient sur le bout des doigts ce qui les sépare encore provisoirement de la défaite… L’omniprésence du violon, triste, et les voix sèches de Kate et Anna McGarrigle, appuyées par sept Bad Seeds jouant tout en finesse, imposent, par delà l’omniprésence du sacré (God Is in the House) et de la fatalité (Love Letter, génial!), un intense dépouillement. Enfin, We Came Along This Road et, surtout, Gates to the Garden concluent dans le sublime ce combat désespéré de l’homme contre la désillusion. Chef-d’oeuvre!
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Nick Cave and The Bad Seeds
No More Shall We Part
Mute/Reprise/Warner, 2001