Une fois dépassé cette impression aiguë, saisissante à la première écoute du dernier opus de Reznor, prince des ténèbres, que la drive de NIN est marquée au fer rouge par la massacrante et torturée décennie 90 et qu’elle y reste très liée affectivement, on peut tendre une oreille mieux disposée à With Teeth. Encore suspendu entre un son industriel électronifié et des guitares saturées, bien en équilibre entre une authentique vulnérabilité et une tout aussi authentique agressivité, cet album mord 13 fois la main qui le nourrit, avec les canines. Quelques hits potentiels, dont The Hand That Feeds et la surprenante, catchy et nonchalante Only, l’ex-Nirvana Dave Grohl à la batterie en arme secrète de destruction massive, des textes sombres, lourds, pleurant (célébrant?) la perte, le désir, la désolation, souvent déclinés au "tu", comme une longue lettre nerveuse, vibrante, glissée entre une ouverture et une finale douces mais lancinantes; tous ces éléments composent la suite à The Fragile. Réjouissant, mais encore dans l’ombre de The Downward Spiral, pièce maîtresse difficile à faire oublier.
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Nine Inch Nails
With Teeth
Interscope, 0000