À 44 ans, Nick Cave semble avoir remisé à jamais la furie de ses débuts pour s’installer dans son rôle de crooner mélancolique postmoderne. N’allez pas croire qu’il s’agit de la fin de ses tourments: l’amour, puisque c’est de cela qu’il est question, déchire toujours le corps du grand efflanqué australien, qui pleure assez de larmes "pour remplir 20 bassines" sur Hallelujah. L’imagerie religieuse, omniprésente, ne sert plus à illustrer des malheurs dignes de l’Ancien Testament, mais à afficher sobrement une forme de résignation teintée d’un vague espoir. Musicalement, No More Shall We Part s’inscrit dans la suite logique de The Boatman’s Call, les Bad Seeds faisant preuve d’une étonnante retenue. Outre le piano, omniprésent, on sent surtout la plainte déchirante du violon de Warren Ellis (Dirty Three) et, surprise, les voix de deux choristes de choix: Kate et Anna McGarrigle. Avec ce disque intimiste, Nick Cave confirme sa place non pas au sommet, mais à l’écart du troupeau bêlant des chanteurs pop. Grandiose.
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Nick Cave and The Bad Seeds
No More Shall We Part
Mute/Reprise/Warner, 2001