Petite perle folk-rock, Black Sheep Boy, des Texans d’Okkerville River, est un éblouissant alliage construit à partir d’une trame sombre, salie et romantique, tirant vers le bas les musiques comme les textes, qui sont des petits poèmes en prose évoquant de violents épisodes amoureux mais évitant toujours le piège du premier degré (voir Black et la brutale et jouissive For Real), car ici on ne nomme pas les drames, on tourbillonne autour. La voix de Will Sheff, déchiquetée juste aux bons endroits, vibrante et véhémente, rappelle parfois celle de Bright Eyes, tressée avec une voix féminine comme un écho dans la nuit sur Get Big, explosant ici et là pour percer l’enveloppe folk. Les arrangements sont somptueux, montés sur une base dépouillée guitare-voix qui convole tantôt avec les cordes, la trompette et la mandoline, ailleurs avec un chœur (The Latest Toughs). Noir mais jamais opaque.
Guide albums
Okkerville River
Black Sheep Boy
Jagjaguwar, 2005