Sosa, c’est ben bon! Le calembour à la québécoise fait référence au titre de son dernier album, mais le pianiste cubain le plus cool du moment a choisi ce mot comme référence à ses grosses lèvres, à la fois stéréotype et symbole de sa négritude. Dans l’époustouflant morceau d’ouverture où s’entrechoquent jazz à la Monk, tambours batas de Cuba, chant spirituel yoruba, musique soul américaine et arrangements de cuivres très contemporains, Sosa fait la brillante démonstration que le mot «Negros» résume en gros les musiques qui ont déboulé sur l’Amérique avec l’esclavage. Plus loin surgissent les cordes manière brésilienne, le spoken word, Pigalle et l’Équateur (où ce disque singulier a été enregistré) ainsi qu’un maelström d’influences afro-latines. Fait de jaillissements imprévisibles avec d’excellents musiciens dont le bassiste Geoff Brennan, voici un disque certifié sincère et habité par les ancêtres. Renversant!
Guide albums
Omar Sosa
Benbom
Otà/Night and Say, 2000