Patricia O »Callaghan chante bien, très bien. La soprano ontarienne s »est fait remarquer en interprétant des chansons de cabaret (Weill en tête) ainsi que du Poulenc et du Satie. Sur Real Emotional Girl (titre de Randy Newman qu »elle reprend ici), elle se lance dans la musique plus populaire. Elle s »attaque d »abord à Cohen et entonne «Love is not a victory march; It »s a cold and it »s a broken Hallelujah», formidable leçon de poésie musicale dont le sens profond lui échappe complètement. Il y a de ces chansons qui s »interprètent forcément avec des voix cassées, tordues, émouvantes (c »est le cas de celles de Cohen, Dylan ou même d »Arthur H., un choix qui lui vaut tout de même de bons points d »originalité), mais qui supportent mal le vibrato excessif d »une chanteuse d »opéra. Imaginez ce que ça donne sur Like a Rolling Stone ou sur Better Man, de Pearl Jam! En passant, ce n »est pas pour rien que Cohen appuie en prononçant «do ya», plutôt que le «do you» propret de madame O »Callaghan: ça rime avec Hallelujah!
Guide albums
Patricia O''Callaghan
Real Emotional Girl
Marquis/EMI, 2000