Écrit et enregistré à moitié dans la brumeuse campagne anglaise et dans le tourbillon des grandes villes, Stories from the Sea, Stories from the City est un album bicéphale, dans lequel Polly Jean Harvey joue la Madame Mini-Wheat. Côté givré, elle explore les bas-fonds de New York avec la minutie macabre d’un Lou Reed («Parlez-moi d’héroïne et de speed», chante-t-elle sur The Whores Hustle and the Hustlers Whore) et endosse les fringues de Patti Smith sur Good Fortune. Côté blé entier, elle chante l’amour à distance (Beautiful Feeling, d’une rafraîchissante naïveté) et le désir de stabilité (A Place Called Home). Réalisation maison sobre (on est loin du travail dense de Flood sur les deux derniers); groupe formidable et réduit, composé de Mick Harvey (des Bad Seeds) à la guitare et de son vieux complice Rob Ellis aux percus et au piano; et invités de qualité (Thom Yorke, splendide sur This Mess We’re In): voilà un disque achevé. En apparence plus apaisé que ses prédécesseurs, ce sixième album nous montre toutefois que Polly cherche toujours: «Je marche sur le ciment, je marche sur le sable; mais je ne sais pas où me tenir debout», dit-elle. Elle n’est pas loin de la vérité.
Guide albums
PJ Harvey
Stories from the Sea, Stories from the City
Island/Universal, 2000