Michel Jonasz
Pôle Ouest

Celui qui avait crié Changez tout!, ce bluesman frisé et nasillard, qui avait prophétisé Les années 80 commencent, se retrouve donc 20 ans plus tard sans un poil sur le coco. Méditant sur le tournant du siècle, Michel Jonasz groove en douceur et murmure sans s’énerver: "le millénaire qui vient d’passer m’a mis les nerfs". La supériorité de ce disque sur le précédent, Soul Music Airlines (1996), c’est qu’il a été concocté tranquillement dans un studio maison et dans l’intimité d’une petite famille tout à fait mixte. Parce qu’il divague encore sur ses vieux thèmes de prédilection (le blues, le vieux rock, la dance), Jonasz donne l’impression d’avoir perdu le nord. Mais il frôle néanmoins de nouveaux sommets avec Le Scat et surtout Le Boléro, qui vaut bien ses grandes chansons de l’époque bénie de La Nouvelle Vie. Qui d’autre aurait fait rimer le prénom du pianiste Gonzales (Rubèn) avec "souviens-toi des soirées cubaines"?