Preoccupations
New Material

Depuis que le quatuor post-punk aux racines calgariennes qui s’est appelé Viet Cong un peu trop longtemps a troqué son nom pour Preoccupations en 2016, quelque chose s’est perdu au profit de mélodies plus immédiates – un muscle, un liant, une témérité. L’album homonyme de 2016 était une affaire à la fois machinale et erratique; ce troisième, New Material, est une construction plus ancrée et répartie, qui s’enligne sur des mécaniques massives. Couplant lexique militaire et thèmes eschatologiques, le chanteur Matt Flegel jase désillusion, hubris et fatalité avec une paranoïa dickesque, et les compositions appuient ses propos avec des ambiances et allants à la fois fanatiques et étrangement fédérateurs, comme l’acceptation d’une sombre illumination (c.-à-d. le refrain d’Espionage, et Disarray, ce que le groupe a offert de plus pop jusqu’à maintenant). Ce clash entre la grégarité post-punk des pièces et la malédiction des propos est le pivot du disque, un écrasement qu’on ne peut s’empêcher d’observer et qui se termine sans se résoudre avec l’instrumentale équivoque de Compliance, à la fois apaisée et anxiogène. On en ressort avec une impression de placidité face à une épreuve imminente, et aussi, malgré tout – sinon moins que sur le précédent – que quelque chose s’est perdu, au détriment d’un renouveau plus dompté; mais c’est une part du thème central du disque, en même temps.