René Flageole
Les Cahiers d'un singe

Voici l’exemple parfait de l’objet précieux qui est tombé "dans la craque". Négligé par le public, oublié par une partie de la critique, le deuxième "long-jeu" de "Ron" Flageole est pourtant une des productions francophones les plus originales parues en cette piteuse année de star-académisme. Une chose urbaine et délicieusement poétique, longuement macérée avec le camarade Marc Pérusse. "Je suis un loup / J’suis un looser / J’suis cassé comme un clou dans une maison en bambou", chante l’ami René avant d’ajouter: "Et mes mots qui zigzaguent / Conjugués dans l’alcool / Font des phrases qui flageolent". Un album qui prend son temps, des musiques de guitares qui divaguent, des chansons qui tiennent parole: il a pourtant tout bon, l’auteur-compositeur esseulé dans sa bulle. Ses singeries sans prétention se dispersent dans un son intemporel, tripatouillé à souhait par les batteries de Marc Lessard et les vieux claviers de Guy Dubuc, pour se terminer très à propos chez Ferré et Rimbaud. On lance une pétition?