Petite poupée fiévreuse, sombre pompom girl qui n’entend pas à rire, celle que l’on inscrit souvent dans la lignée des Cat Power, P.J. Harvey et autres battantes de la sorte revisite les ruines grunge avec une candeur désarmante et une brutalité passagère. Sur ce troisième opus intitulé Kidnapped by Neptune et enregistré avec Steve Albini, l’Anglaise Scout Niblett assène ses chansonnettes brutes tressées à partir de trois mèches: guitares qui pèsent lourd, drum patraque, voix claire ici enjôleuse et délestée (Safety Pants), ailleurs bouleversée et tapageuse (renversante Lullaby for Scout in Ten Years), parfois les deux dans le même souffle (Wolfie). Liée, dans sa sensibilité, à feu Kurt Cobain (cette façon de casser ses fins de phrases, ce cri qui vient du ventre), on pourrait aussi s’imaginer, à l’entendre, qu’une des sœurs Lisbon du film Virgin Suicide a survécu au plan – avec de nombreuses séquelles. Mélodique et maléfique.
Guide albums
Scout Niblett
Kidnapped by Neptune
Too Pure, 2005