En préparation depuis 2003, le premier solo du leader des Tindersticks s’ouvre sur une comptine sortie du piano de Yann Tiersen et une ambiance chorale à la Morning Glory (Leonard Cohen). Se succèdent ensuite, dans une quasi-perfection, avec un éclectisme étonnant, le spoken word des premiers jours, des ambiances presque country et des climats gospel assortis de jolies collaborations. Ponctué de prises de son un peu plus excentriques, de boîte à rythmes, d’instrumentations pittoresques et fraîches, l’album pourrait sembler la suite logique de la démarche d’épuration des Tindersticks, mais il est en fait composé de chansons de jeunesse, et ses thèmes, errance et désœuvrement, l’évoquent amplement. Déjà touché par la grâce, Staples atteint au splendide sur Friday Night et sa trame de B3 lancinante; et Dark Days, duo quasiment a cappella, confirme, s’il le fallait, que porté par une des plus remarquables voix de la musique depuis Roy Orbison, Staples dispose d’instinct d’un grand sens de l’apothéose et du sacré.
Guide albums
Stewart A. Staples
Friday Night
Lucky Dog/Beggars Banquet, 2005