Ne nous le cachons pas, le premier disque solo du leader de Radiohead s’adresse à ceux qui ont suivi le quintette à travers sa métamorphose post-Ok Computer. Ce qui frappe avec ce compact d’une étonnante homogénéité, c’est son urgence et son aspect «brouillon», malgré la réalisation signée Nigel Godrich (propre mais dépouillée de tout artifice). À part ça? Mêmes textes angoissés. Même voix limpide et dramatique, reconnaissable entre mille. Mêmes textures synthétiques et effets électroniques glauques noyés dans une mer de cliquetis et de guitares trafiquées. Non, Yorke n’injecte aucun sang neuf à sa mouture minimaliste mais propose une poignée de compos à la hauteur de son génie. On retiendra Black Swan, Harrowdown Hill et Cymbal Rush, point d’orgue parfait. Bref, rien pour convertir les mécréants, ceux pour qui Amnesiac et Kid A furent d’inconsistants labos sonores, mais les autres (et ils sont nombreux) y trouveront leur compte.
Guide albums
Thom Yorke
The Eraser
XL Recordings, 2006