On découvre un nouveau disque de Fersen tous les deux ans comme on retrouve un vieil ami: peu de changements majeurs, quelques blessures en plus, mais un humour et un charme réjouissants, intacts. Depuis Pièce montée des grands jours en 2003, les cordes de Joseph Racaille ont laissé la place aux arrangements du chanteur hier un peu surchargés, aujourd’hui allégés, basiques: guitares, basse, piano font le gros du boulot, et c’est salement efficace. Les textes n’en respirent que mieux, les mélodies aussi. Il poursuit son bestiaire (Zaza), ses chansons drôles, mais regarde maintenant la mort en face, d’une manière inquiétante. Une inquiétude accentuée par les touches grinçantes d’orgue qui s’étalent partout, s’insinuant entre les vers. Un grand cru, une fantaisie féconde, un rire jaune, une plume légère pour dire des choses dures.
Guide albums
Thomas Fersen
Le Pavillon des fous
Warner, 2005