À l’instar des 12 hommes rapaillés, Thomas Hellman soustrait à l’anonymat de la poésie une autre figure essentielle des lettres québécoises, Roland Giguère, grâce à cet élégant livre-disque. De petites pièces au piano (très Satie) en blues au banjo, le compositeur se place d’abord au service du texte, sans forcer la mélodie, avec une juste dose de déférence et de désinvolture, éclairant au détour la nature étonnamment tellurique de ces poèmes pourtant tributaires du surréalisme. En chantant «la saison des vents d’ombre / où la nuit interminable hurle à la fenêtre», Hellman parvient surtout – salutaire tour de force – à en abolir l’écrasante lourdeur. Voilà le véritable pouvoir de la poésie mise en musique.
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Thomas Hellman
Thomas Hellman chante Roland Giguère
(L’Hexagone), 2012